
Nous sommes le 30 juin 2025 et à l’heure où nous vous écrivons, partout en France, nos collègues et nos élèves ressentent dans leur chair la morsure du changement climatique. Demain ou dès cette après-midi, des milliers de parents auront à s’organiser pour assurer une garde que le service public d’éducation n’est plus en mesure d’assumer, faute de bâtiments et de solutions pédagogiques adaptés.
Nous personnels d’éducation, en lien avec les enfants et leurs parents sommes donc directement impactés par la crise en cours. A ce titre, nous avons besoin de médias pour nous informer, relayer les efforts faits sur le terrain et entraîner l’opinion du plus grand nombre à saisir l’urgence soulignée par les différents rapports du GIEC et de l’IPBS.
Une solidarité naturelle nous lie donc avec les médias publics et indépendants, qui font avec sérieux leur travail d’information sur les questions environnementales. C’est pourquoi nous avons appris avec effarement que l’émission La Terre au Carré, qui est une référence dans ce domaine et une ressource extrêmement précieuse, allait être sérieusement amputée. Nous avons décidé de réagir en publiant cette pétition.
Pétition à signer sur le site Mesopinions.com
A l’attention d’Adèle Van Reeth, directrice de France Inter,
Madame,
En juin 2024, vous avez voulu faire disparaître l’émission La Terre au Carré. L’indignation suscitée vous avait fait reculer.
Aujourd’hui, en pleine canicule, nous apprenons, avec la même colère et la même indignation, que l’émission – qui réunit 800 000 auditeurs et auditrices par jour – va subir de sévères amputations.
D’abord, il est question de durée. L’émission perdrait 10 minutes de temps d’antenne.
Vous le savez, le sujet de l’urgence écologique, au regard de sa gravité est largement sous-traité dans les médias. Celles et ceux qui ont vraiment compris les risques que nous encourrons collectivement y pensent jour et nuit. Nous sommes un grand nombre à penser qu’aucune émission d’information généraliste ne devrait pouvoir faire totalement l’impasse sur ce sujet. Cinquante-cinq minutes pour parler des causes de la catastrophe écologique et de la possibilité de maintenir une planète viable pour les générations actuelles et futures, c’était déjà loin d’être suffisant. Comment comprendre alors une réduction de 10 minutes par jour ?
Ensuite, il est question de contenu. Vous voulez faire taire les voix engagées et militantes qui occupaient le dernier temps de l’émission.
Or l’écologie a deux poumons : les sciences, expérimentales et humaines, qui ont tant à nous dire pour nous expliquer les bouleversements que nous traversons. Et l’engagement, qui fait vivre l’idée que tout n’est pas perdu et que l’intérêt général peut encore l’emporter sur la somme des intérêts privés qui ravagent notre planète. C’est pourquoi il est essentiel de continuer à entendre les voix de celles et ceux qui oeuvrent, localement ou à travers le territoire, à défendre l’habitabilité de la Terre. Parmi ces voix, celles des journalistes indépendants de Vert ou de Reporterre sont irremplaçables. Parce qu’ils enquêtent là où les autres médias ne vont pas, parce qu’ils se font la voix de celles et ceux qui, dans un contexte de privatisation de l’audiovisuel, sont le plus souvent invisibilisés ou caricaturés. Il s’agit aussi des voix des personnalités multiples et inspirantes qui incarnent aujourd’hui cet engagement (Claire Nouvian, Cyril Dion, Feris Barkat…) et des milliers de messages laissés sur le répondeur, dont on regrettait déjà la relégation en fin d’émission. Si cette partie de l’émission est jugée trop militante, faut-il rappeler que la cause écologiste n’est pas une cause partisane ou politicienne, mais bien un enjeu de survie pour l’espèce humaine ?
L’urgence environnementale est là. Elle menace l’habitabilité de la Terre. Nous ne pouvons pas penser que vous êtes de celles et de ceux qui minimisent ce sujet.
Les femmes et les hommes sont là aussi, qui veulent agir pour la préservation de ce bien commun le plus précieux qui soit, et qui font face à une adversité à peine concevable.
En tant qu’usagers du service public de l’information, nous disons à nouveau avec force que France Inter se doit de leur conserver un espace de parole digne de ce nom.
