Madame, Monsieur,
Notre collectif, Enseignant.e.s pour la planète, rassemble une centaine d’enseignant.e.s de la maternelle à l’enseignement supérieur, qui œuvrent pour une meilleure prise en compte des questions environnementales dans les établissements de formation. En tant que directeur/directrice d’INSPÉ, vous occupez une position clé pour agir en ce sens.
Avant toute chose, rappelons l’urgence d’intégrer au plus vite ces questionnements à l’école :
- En décembre 2018, la climatologue et co-présidente du GIEC, Valerie Masson Delmotte plaidait pour développer les enseignements liés aux questions climatiques et environnementales dispensés aux élèves de collège et de lycée, appelant à « mettre les jeunes en situation d’acteurs pour construire une culture de l’adaptation et de la résilience » et rappelant que « tous les jeunes du monde entier qui se penchent sur le changement climatique réclament d’avoir davantage de clés pour comprendre et agir dans leurs programmes d’éducation plutôt qu’avoir à se former par eux-mêmes ».
- Le 23 juillet dernier, Greta Thunberg, invitée à l’Assemblée nationale, déplorait l’inaction face à l’urgence climatique et le silence sur la réalité des faits scientifiques. « Nous [les jeunes] devenons les affreux, qui avons à dire ces choses très désagréables aux gens, parce que personne d’autre ne veut le faire, ou n’ose le faire ».
- Le 27 août dernier, le Ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer déclarait que les questions environnementales constituaient l’un des grands défis auquel doit aujourd’hui se confronter la communauté éducative.
Nous, enseignant.e.s, avons de fait une responsabilité majeure. Nos élèves doivent savoir que nos sociétés actuelles, tout en jouissant des bénéfices des énergies fossiles, leur laissent le fardeau du dérèglement climatique. Nos élèves doivent savoir qu’ils et elles devront probablement subir leur avenir et non le choisir, à cause de l’inaction criminelle des gouvernements passés et présents.
Canicule, sécheresse, inondations, migrations, déstabilisations politiques ou
encore effondrement de la biodiversité tissent déjà la trame de l’actualité
dans le monde.
Pour pouvoir aborder ces questions avec nos élèves, encore faut-il y être préparé.e.s. Outre le bagage de connaissances pluridisciplinaires qu’il est indispensable d’acquérir pour traiter de sujets comme le dérèglement climatique, il faut également pouvoir réfléchir aux façons d’en parler à des élèves parfois très jeunes, apprendre à anticiper leurs réactions, à répondre aux sentiments de détresse, de colère qu’ils/elles pourraient ressentir, etc.
C’est pourquoi nous vous adressons aujourd’hui à vous, en tant que directeur/directrice ou administrateurs provisoires d’INSPÉ : en cette année universitaire 2019-2020 vous et vos équipes allez travailler à la mise en œuvre des nouveaux référentiels de formation et construire les maquettes qui entreront en vigueur à la rentrée 2020.
Par ce courrier, nous vous demandons d’intégrer, en formation continue et en formation initiale, des contenus pour préparer les collègues et futur.e.s collègues à se saisir des questions environnementales en classe et/ou dans leurs établissements. Qu’il s’agisse des formations transversales ou pourquoi pas en utilisant les 10% de volume horaire réservés aux « contexte et innovations », nous espérons que vous arriverez à impulser dans vos établissements une dynamique pour que le climat, la biodiversité, la pollution et plus généralement notre rapport à la nature ne soient plus des thématiques marginales, mais au contraire des points de départ incontournable pour penser le monde d’aujourd’hui.
En vous remerciant de votre attention, et en espérant une réponse positive de votre part, nous restons à votre disposition pour échanger.
Les membres du collectif Enseignant.e.s pour la planète