« Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? »
Les mots du président de la République lors de ses vœux du 31 décembre nous ont fait frémir. Peut-on vraiment encore feindre la surprise devant les catastrophes climatiques qui s’enchaînent, alors que des manifestant.e.s dans le monde entier s’égosillent à alerter les décideurs ? peut-on décemment parler de « prédictions », comme si l’on déchiffrait une boule de cristal, quand il s’agit de phénomènes rationnels et mesurés, décrits par des scientifiques expérimenté.e.s ? Le président est-il amnésique au point d’oublier qu’il était membre du gouvernement Hollande ayant organisé et ratifié les accords de Paris devant les yeux du monde entier? Que l’Etat français a été condamné par la justice pour inaction climatique ? N’a-t-on rien trouvé de mieux, dans les cercles du pouvoir, pour excuser les nombreuses inconséquences des choix politiques qui ont été faits ces dernières années sur les questions écologiques ?
Ces mots sont d’autant plus choquants qu’il ne s’agit pas de la première occurrence de cette stratégie : lors de l’épidémie de Covid, le chef de l’Etat jouait déjà l’étonné, alors que de très nombreux écrits scientifiques alertaient déjà depuis les années 2000 sur les risques de zoonose et de pandémies, notamment dues à la déforestation. Il est en réalité insupportable de laisser entendre aux citoyens que nous faisons face à une situation inattendue : non seulement ces alertes sont publiques depuis les années 90, ne serait-ce que par les travaux du GIEC, mais on sait maintenant que ces informations étaient connues des grands groupes pétroliers depuis les années 70, et que leurs lobbies ont soigneusement organisé la désinformation et la fabrique de l’ignorance sur ces questions. Notamment dans les programmes scolaires.
Au contraire, il est urgent que nous nous mettions collectivement à croire à ce que nous savons : La crise n’était pas prédictible, elle était certaine. Et ce n’est pas une crise climatique, c’est un changement de régime climatique, auquel nous allons devoir faire face bien plus longtemps qu’un seul été.
Nous le redisons encore une fois, et ce seront nos voeux pour 2023 : l’école doit être la première à faire cesser ce jeu de dupes. L’ignorance et son cortège d’inconséquences doivent reculer : la jeunesse doit être informée, avec honnêteté et lucidité sur ces sujets. Les enseignant.e.s doivent être massivement formé.e.s sur ces questions. Les établissements scolaires doivent s’adapter à des conditions extrêmes qui n’auront bientôt plus rien d’exceptionnel à nos yeux. Les programmes et les pédagogies doivent être entièrement revus et la finalité même de l’enseignement repensée, notamment en termes de préparation à la vie professionnelle.
Nous adressons nos voeux de courage et de combativité à tou.te.s celles et ceux qui, notamment dans l’Education Nationale et l’enseignement supérieur, partagent cette volonté d’allier lucidité et transmission de l’espoir auprès des élèves et des étudiant.e.s. Notre collectif restera mobilisé à leurs côtés et solidaire de leurs luttes.