La numérisation des copies de bac, prévue par la réforme en cours, est une aberration écologique, signe que les pouvoirs publics n’ont pas encore compris la nécessité absolue de la sobriété numérique. EPLP s’engage et adresse une pétition aux ministres de l’Education Nationale et de la Transition Ecologique pour dénoncer cette gabegie inacceptable.
Pour signer, cliquez ici.
Voici le texte de la pétition :
Monsieur le ministre de l’Education Nationale, Madame la ministre de la Transition Ecologique et Solidaire,
La réforme du baccalauréat prévoit – entre d’innombrables dispositions très contestables – la numérisation des copies d’examen.
Nous enseignant.e.s mais aussi citoyen.ne.s engagé.e.s au quotidien pour la défense de notre planète, nous dénonçons ici cette aberration écologique scandaleuse.
A l’heure où notre institution se targue d’un verdissement, à l’heure où nos établissements sont encouragés à obtenir des labels écologiques (E3D, Lycée Eco-Responsables), il est inacceptable de mettre en place un tel système, aussi inutile qu’écologiquement indéfendable. Inutile car les copies pourraient très simplement être remises en mains propres aux correcteurs/-trices. Ecologiquement indéfendable car toutes les étapes du processus de numérisation sont polluantes ou énergivores.
Il est extrêmement difficile de réaliser aujourd’hui le bilan carbone global d’une telle opération, mais voici les chiffres que nous soumettons au jugement de chacun.e :
– Environ 550 000 bachelier.e.s composent pour ces épreuves. Chacun.e va composer en 2 ans 22 épreuves, et rendre au minimum à chaque fois 3 pages à scanner et déposer sur un « cloud ». 12 millions de copies, 36 millions de pages pour une seule génération d’élèves !
– Chaque copie nécessitera environ 20 min de temps sur écran, ce qui aboutit à 4 millions d’heures. Il faut y rajouter la consultation post-correction par les élèves.
– Il faut équiper les 1 567 lycées généraux et technologiques d’au moins 1 scanner, et toute cette activité engendrera mécaniquement une usure plus rapide des outils existants (ordinateurs personnels des enseignants ou matériel des établissements), alors qu’on sait aujourd’hui que la fabrication de produits numériques est une source de pollution majeure.
– Chaque copie sera ensuite stockée pendant 1 an minimum sur des serveurs très énergivores, liés au « cloud », dont on ne connaît pas la localisation, mais généralement situés dans des pays où l’électricité ne provient pas d’ énergies renouvelables.
– L’utilisation du papier ne diminue absolument pas, puisque les élèves continuent à composer sur des copies classiques.
– Du fait que les correcteurs/-trices ne se déplacent plus dans les centres d’examen, des économies de carburant auraient pu constituer le seul effet environnemental positif de la réforme. Mais le coût énergétique de la numérisation vient annuler ce bénéfice.
La numérisation pose également des problèmes sanitaires (problèmes ophtalmiques, troubles musculo-squeletiques…) et constitue une charge de travail à la fois lourde et sans intérêt pour les personnels administratifs qui seront chargés de la pratiquer sans rémunération supplémentaire. Enfin, elle accentue les effets de la fracture numérique : les copies corrigées ne seront accessibles qu’en ligne, ce qui en limitera beaucoup l’accès pour nos établissements peu équipés et nos élèves peu familiers de ces usages du numérique.
Aujourd’hui, nos jeunes expriment à raison les plus vives inquiétudes sur l’avenir de la planète. Des millions d’entre nous prenons conscience de l’ampleur du problème écologique et nous résolvons dans nos vies quotidiennes à d’innombrables efforts de sobriété. Il est inconcevable que les pouvoirs publics n’en fassent pas autant, alors que les services de l’Etat ont une responsabilité majeure et devraient être exemplaires dans leurs pratiques.
Ainsi, parce que nous refusons cette inacceptable gabegie, nous soussigné.e.s n’accepterons de corriger les copies de baccalauréat que sous la forme papier dans laquelle elles auront été rédigées.
Signez la pétition ici!
Bonjour,
Je souscris complètement à cette démarche.
Nous devons restituer notre planète à nos successeurs au moins dans le même état que nous l’avon reçu.
Aussi je souhaite que ce projet de numérotation des copies ne soit pas adopté.
Cordialement
Blondel MOUDIO PRISO
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N’hésitez pas à diffuser autour de vous cette pétition! EPLP
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Bonjour,
Enseignant-chercheur en éco-conception et spécialisé dans les bilans environnementaux, j’ai cherché à pousser le bilan environnemental un peu plus loin. Il n’est pas si clair que la correction numérique soit plus impactante sur le changement climatique.
Je trouve un bilan annuel 8 000 tonnes CO2 eq. pour l’impact carbone de la correction papier alors qu’il ne serait que de 221 tonnes CO2 eq. pour l’impact carbone de la correction numérique.
Tout cela en considérant que:
– chaque lycée s’équipe d’une imprimante Multi fonction jet d’encre
– que les enseignants habitent à 10 km en moyenne du centre d’examen
– qu’ils corrigent 6 copies à chaque visite
La différence est énorme et prend en compte:
– la consommation des ordinateurs et du serveur associé
– le transport des enseignants jusqu’au centre de tri
Est-ce que vous ne seriez pas allé en besogne un peu rapidement pour relayer la pétition?
A votre dispo pour vous donner plus de détails sur les calculs.
Florent
Voici mes sources:
Cliquer pour accéder à livre-blanc-consommation-energetique-equipements-informatique-2015.pdf
http://www.bilans-ges.ademe.fr/documentation/UPLOAD_DOC_FR/index.htm?ordinateurs_et_equuipements_pe.htm
https://ecoinfo.cnrs.fr/wp-content/uploads/2019/12/ecodiag-v19.12.html
http://www.base-impacts.ademe.fr/personalspace/read-process/id/272160/idVersion/30
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Bonjour Monsieur, merci pour ce commentaire. Nous n’avons pas publié notre texte à la légère : nous avons demandé l’expertise de Carbone 4 et du Shift Project, qui nous donnent raison. La difficulté de ce genre de calcul est extrême et ne peut se résumer à une simple addition, il faut maîtriser parfaitement toute la chaîne du raisonnement. Or votre calcul repose sur au moins 4 méconnaissances de la situation : 1) la numérisation ne remplace pas les copies papier, elle s’y ajoute. 2) la fin des déplacements vers les centres d’examen n’est pas lié à la numérisation mais à l’organisation locale du bac, établissement par établissement 3) les corrections du bac se font à domicile et non dans les centres : les enseignants ne corrigeaient donc pas 6 copies par visite, mais récupèraient en une fois leur lot de 50 à 100 copies. 4) enfin, les enjeux et le calendrier du bac ne souffrent aucun dysfonctionnement du matériel qui sera cependant soumis à une utilisation extrêmement intensive : sans même parler d’obsolescence programmée, la moindre panne posera problème et nécessitera très souvent de doubler voire tripler les équipements dans les établissements, équipements dont il faut prendre en compte l’ensemble de la chaîne de vie, de l’extraction des minerais au recyclage.
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