Nous y voilà. Ce lundi 7 octobre débute la semaine de la démocratie scolaire et avec elle la tenue des élections d’éco-délégué.e.s dans de nombreux établissements. Mesure phare des annonces de rentrée du Ministre Blanquer pour l’éducation au développement durable, ce premier suffrage d’envergure vise à généraliser un dispositif pluriel, qui existait déjà dans plusieurs collèges et lycées, mais qui pose à la fois des problèmes d’organisation et de fond. Comment présenter le rôle d’un éco-délégué aux élèves ? Quels moyens mettre en oeuvre au sein de l’établissement pour les accompagner dans leurs actions ? Sans qu’il existe de réponse univoque, en raison de la diversité de nos situations d’enseignement, plusieurs points méritent un temps de réflexion au sein des équipes et avec les élèves.
Après avoir désigné sa première éco-déléguée, les Enseignant.e.s Pour La Planète vous proposent quelques pistes pour que cette élection ne rime pas avec démobilisation.
Nous avons pour cela relu les deux textes principaux expliquant les attentes du Ministère au sujet des éco-délégué.e.s. Quatre points nous semblent particulièrement sensibles. Morceaux choisis donc.
#1 Qu’est-ce qu’un éco-délégué.e ?
Les éco-délégués sont à la fois des co-pilotes et des ambassadeurs des projets pédagogiques menés au sein des établissements scolaires. Ils participent au comité de pilotage des projets, informent leurs camarades sur les avancements et les poussent à s’y engager. (Voir le texte)
La mobilisation des élèves implique que certains d’entre eux assurent la promotion de comportements respectueux de l’environnement.(Voir le texte)
Ce qu’en dit EPLP : Présent.e.s dans les instances de décision, les éco-délégué.e.s doivent effectivement avoir une place importante dans la mise en oeuvre des différents projets de l’établissement. Pour cela toutefois, leur formation aux enjeux environnementaux est incontournable. Il n’en est malheureusement question nulle part. Elle seule garantirait pourtant de leur permettre de concevoir de projets pertinents et de former à leur tour les autres élèves.
Nous préconisons donc de mettre en place des formations pour les éco-délégué.e.s : des formation généraliste aux enjeux écologiques, mais aussi des formations plus spécifiques, telles que des formations à la permaculture, à l’apiculture, à l’usage éco-responsable du numérique, au recyclage et à la réparation etc….
#2 Quel est le rôle d’un.e éco-délégué.e ?
Leurs missions s’articulent autour des grands enjeux écologiques. Limiter la consommation d’énergie, protéger la biodiversité, éviter le gaspillage alimentaire, réduire et trier les déchets, s’unir pour engager son établissement dans la lutte contre le réchauffement climatique. (Voir le texte)
(…) un éco-délégué qui aura pour rôle de promouvoir les comportements respectueux de l’environnement dans sa classe (extinction des lumières, par exemple pendant les récréations ou pauses méridiennes, usage raisonné des chauffages, etc.) et de proposer toute initiative de nature à contribuer à la protection de l’environnement dans son établissement. (Voir le texte)
Ce qu’en dit EPLP : Les textes officiels et les supports institutionnels destinés aux élèves sont unanimes, l’éco-délégué.e est en charge de la promotion des éco-gestes au sein de l’établissement. Selon nous, faire porter cette responsabilité aux élèves dessert plutôt l’objectif de voir le respect de l’environnement devenir un enjeu central dans tous les lieux d’enseignement. On sait dorénavant qu’un trop grand sentiment d’impuissance conduit à se désintéresser de la cause environnementale. Or, comment l’empêcher chez les éco-délégué.e.s qui seront amené.e.s à défendre des projets sans moyens spécifiques ? À éteindre les lumières et le chauffage dans des établissements qui sont bien souvent de véritables passoires thermiques, en subissant peut-être des (gentilles) moqueries de leurs camarades ? Non. Décidément, aussi utiles soient-ils, les éco-gestes ne peuvent être le seul objectif proposé à nos élèves les plus sensibles à l’écologie. Ils ne peuvent pallier les insuffisances des adultes. Au contraire, il nous semble primordial de leur offrir les moyens de participer à la réflexion avec l’ensemble de la collectivité et les agents en charge de l’entretien de l’établissement. Encore une fois, la nécessité d’une formation et de temps d’échange pour tous les acteurs de ces décisions nous paraît primordiale. Nous demandons aussi le déblocage de moyens conséquents pour encadrer ces nouvelles missions, pour tous les adultes concernés et pour nos élèves.
#3 La question du nombre d’éco-délégué.e.s.
A minima, chaque collège et lycée désignera un binôme paritaire d’éco-délégués par établissement dès l’année scolaire 2019-2020, soit 20 000 éco-délégués d’établissement. Ces binômes d’éco-délégués seront élus, au collège et au lycée, parmi les membres volontaires du conseil de vie collégienne/lycéenne, ainsi qu’au sein du conseil académique de la vie lycéenne (CAVL) et du Conseil national de la vie lycéenne (CNVL) (Voir le texte)
Ce qu’en dit EPLP : Plutôt que de limiter le nombre d’éco-délégué.e.s, nous proposons d’offrir à tous les volontaires la possibilité de s’inscrire dans ce dispositif, sans qu’une élection soit obligatoire. Nous suggérons ainsi de créer un statut « d’éco-volontaires » et de réserver le statut d’éco-délégué.e.s au binôme effectivement élu au sein du CVL. Nous sommes bien placé.e.s pour savoir que l’engagement écologique est une occupation très chronophage. Un.e élève doit pouvoir s’engager à des degrés différents au cours d’une même année pour diverses raisons sans être considéré.e comme dérogeant à ses fonctions pour autant. D’autre part, la fonction de représentation de l’éco-délégué.e ne semble pas du tout évidente : il n’y a donc aucune raison d’imposer aux volontaire de se soumettre à une élection, démarche qui est loin d’être toujours évidente pour nos élèves.
#4 Comment convaincre vos élèves de devenir éco-délégués ?
Les compétences acquises par les éco-délégués peuvent être valorisées dans le livret scolaire. (Voir le texte)
Ce qu’en dit EPLP : Déjà pratiquée dans certains établissements, la mention de l’engagement écologique dans le livret scolaire n’est pour lors pas assez reconnue pour être un moteur d’engagement. Comment alors trouver des arguments en cas de difficultés à recruter vos éco-délégué.e.s ? Vous l’aurez compris, les Enseignant.e.s Pour La Planète considèrent que le rôle des éco-délégué.e.s dépasse celui de la formation des élèves aux éco-gestes. Et pour cause, chez nous, il s’agit plutôt de rejoindre le vaste mouvement de celles et ceux qui ont choisi le changement. Des formations originales, qui se font selon des modalités différentes des cours traditionnels (organisation strictement horizontale des réunions par exemple, petits éléments de convivialité, séances parfois délocalisées dehors, sorties….) peuvent attirer les élèves. Mais plus fondamentalement, participer à la construction d’un avenir différent, ne plus subir ce qui détruit à toute vitesse les écosystèmes dont nous faisons partie, se confronter à la vérité et faire preuve de courage face à elle, être plus résilient.e.s et faire de l’école un lieu d’apprentissage d’autonomie réelle, œuvrer non plus seul.e de son côté, mais dans une collectivité… Les arguments sont nombreux et vos élèves les trouveront, surtout avec un peu d’aide. Sous réserve qu’un espace de débat et une information dignes de ce nom leur soit offerts. Là encore, des moyens humains et matériels sont nécessaires. Vous êtes en droit de les demander, les IMP et les HSE sont là pour cela.
#5 Et en conclusion ?
Alors que les collèges et lycées comprennent près de 250 000 classes, l’effet levier d’une telle initiative (i. e. les éco-délégués) est considérable et doit donc être fortement encouragé.(Voir le texte)
La conclusion du BOEN est sans doute le passage sur lequel nous rejoignons le plus le Ministère ! Oui, les éco-délégué.es sont appelé.e.s à devenir un pilier de l’entrée de l’école dans une société à l’écoute de la problématique écologique. Reste à l’institution à concrétiser ce bel élan par des mesures concrètes pour l’information et l’encadrement des élèves. Pour profiter de ce que nous souhaitons tou.te.s être l’effet levier évoqué, c’est ce dialogue qu’il est maintenant urgent d’entamer.
A lire : un article de Libération « Les éco-délégués enfin généralisés dans les collèges et les lycées ? »
Et n’hésitez pas à nous faire part de vos expériences sur le sujet !
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