Le 22 mars dernier, Jean-Michel Blanquer et François de Rugy réunissaient des lycéen.ne.s de toute la France pour recueillir leurs propositions sur les crises écologiques et climatiques. EPLP était sur place (nous en avions même profité pour remettre une lettre à nos 5 ministres). Nous avions pu constater le niveau d’improvisation du gouvernement sur ces questions. Face à des élèves sans doute plus incisifs que prévu, nos ministres ont peiné à apporter des réponses satisfaisantes, lorsqu’ils n’ont pas tout simplement ignoré les questions. En effet, lorsque les éco-délégué.e.s du lycée de Bagnolet ont interpellé F. de Rugy sur la contradiction qu’il y avait à soutenir des grands travaux de déforestation à l’heure du réchauffement climatique (en prenant l’exemple de la forêt de Romainville toute proche de leur lycée), le ministre n’a tout simplement pas retenu la question. Et le gouvernement a botté en touche à bien d’autres moments : interrogé sur les projets autoroutiers, la publicité, sur le transports aériens, le glyphosate, les accords de Paris, les réponses ont été évasives et émaillées d‘éléments de langage, quand elles ne relevaient pas tout simplement du tour de passe-passe argumentaire (c’est ainsi que Brune Poirson a expliqué qu’on ne pouvait pas interdire le plastique car on allait menacer les emplois dans le secteur… du plastique) M. Blanquer a finalement été peu interpellé, mais quand des élèves ont dit n’avoir « jamais été sensibilisés » aux crises écologiques et que dans ce domaine beaucoup restait à faire, en termes d’information, de sensibilisation et d’actions concrètes, ce dernier avait reconnu, dans une formulation qui en disait long sur son degré de préoccupation, des « trous dans la raquette ».
Ce vendredi 5 avril, nouvelle grande réunion. Seul.e.s les lycéen.ne.s sont invité.e.s à rencontrer M. Blanquer : à charge pour eux/elles de parler pour leurs camarades de tous les niveaux et de représenter tout le reste de la communauté éducative, qui n’a pas été conviée à l’exercice (ni enseignant.e.s, ni parents d’élèves, ni personnel administratif n’ont été spécifiquement consultés). Le ministre semble donc penser que deux semaines ont suffi pour que des élèves « jamais sensibilisés“ à ces questions en deviennent des experts. Peut-être le ministre aurait-il pu convoquer les éco-délégué.e.s de France, puisque le statut est officiel et réunit des centaines de jeunes vraiment impliqués et formés sur ces questions. A lire les propositions qui ont été faites, on comprend que ce n’est pas encore le cas des élus des CVL : ces lycéen.ne.s semblent conscient.e.s de la gravité de la situation, mais sont désarmé.e.s pour penser des réponses efficaces. A l’exception d’une réflexion sur la viande qui paraît mûrie, ils/elles proposent ainsi des écogestes plutôt qu’un changement de mode de consommation, pointent des comportements individuels plutôt que la nature systémique du problème. Ainsi, ils/elles proposent des cleanwalk et oublient à la fois que c’est le rôle d’un service public compétent et non de jeunes en formation que de dépolluer un territoire, et que les industriels devraient avoir la gestion des déchets qu’ils ont eux-mêmes généré. Et Jean-Michel Blanquer d’applaudir à des propositions qui remettent si peu en cause le système économique global, pourtant si coûteux à notre planète.
En réalité, sur le front des urgences écologiques, le ministère est très loin de reconnaître les enjeux et de mettre les moyens adéquats pour y répondre. Nous continuerons donc chez EPLP à réclamer et dispenser une communication honnête et franche sur ce sujet et à commencer à construire, avec tou.te.s les collègues qui le souhaitent, quels que soient leurs niveaux ou leurs disciplines, des réponses à ces défis gigantesques.
En d’autres termes M. Blanquer, nous vous invitons à réparer votre raquette en urgence. Car le match est en cours, et nous ne pouvons pas le perdre.